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Voici le blog sur lequel après avoir pu suivre jour après jour le périple de Simon et Stéphanie à Madagascar, vous pouvez suivre les réalisations d'Objectif Mada.

samedi 18 décembre 2010

Newsletter n°4

Newsletter numéro 4, Novembre 2010 : la côte Est



De Diégo à Sambava

La piste d’Ambilobe à Vohémar est l’une des pires de tout le pays avec ses ornières de près d’un mètre de haut et ses rochers de toutes sortes à franchir. Il faut ainsi 18h pour faire les 450km qui séparent Diégo de Sambava (en 4x4 benne, de surcroît…) dont 12h pour faire les fameux 150 km de cette piste, on vous laisse faire le calcul du km/h …

Sambava est la ville principale de la région de SAVA, elle est bercée par la récolte du café, celle de la vanille (dont la capitale est Antalaha, la ville voisine), du litchi et par l’océan indien qui la borde. C’est une ville construite tout en longueur le long de la route principale (il n’y a pas eu de plan d’urbanisme !) mais qui contrairement à d’autres villes, semble plutôt riche avec de jolies maisons. On relève cependant quelques séquelles de la dernière crise politique, notamment le supermarché, appartenant à l’ancien président, qui a été pillé avant d’être brûlé…

Une bonne initiative, ici même s’ils sont en surnombre, les taxis jaunes et rouges forment une union tarifaire, avec les tarifs officiels affichés dans toutes les voitures. C’est d’autant plus intéressant que les tarifs par personne sont corrects, sauf pour l’aéroport où ils sont multipliés par 3. Pour notre part on a rusé, on s’est fait déposer devant l’aéroport, et non pas dans l’aéroport. Puis on a eu à marcher quelques centaines de mètres seulement.



Marojejy et les parcs nationaux malgaches

Marojejy (signifiant « beaucoup d’esprits ») est le parc national le moins fréquenté de Madagascar et pourtant sans doute l’un des plus beaux, avec le célèbre lémurien blanc et les gentilles sangsues… Par où commencer pour décrire ce parc ? Après plusieurs heures de marche à travers les villages périphériques et les rizières voisines, nous entrons dans une somptueuse forêt primaire tropicale humide qui présente la particularité de s’étendre sur 2000m d’altitude, offrant ainsi une palette de climats et de végétations extrêmement variée, et une diversité faunistique très rare dans ce type de milieu : 260 espèces de fougères (dont 18 arborescentes), 30 de palmiers (dont 6 qu’on ne trouve qu’ici…), 147 espèces de reptiles et d’amphibiens, 115 d’oiseaux, 11 de lémuriens,… En même temps, nous sommes projetés dans un autre univers : ici, presque tout est endémique. Des insectes tous plus étranges les uns que les autres volent autour de nous. Probablement certains d’entre eux n’ont encore jamais été découverts, jamais été officiellement nommés : nous avons l’impression d’être dans un rêve éveillé, entourés de créatures multicolores tirées des songes. Hormis quelques scientifiques et touristes, nous sommes seuls au milieu d’une forêt qui vit sans nous. Pas de pollution, une eau claire et pure, des lémuriens de toutes sortes qui nous regardent avec curiosité, nous y sommes. Pendant 3 jours, nous avons découvert une piscine naturelle, vécus au rythme du soleil en pique-niquant et en dormant dans des petites cabanes en bois ou encore découvert la très belle cascade de Humbert, du nom du naturaliste français qui découvrit tardivement le site, en 1948. La seule anomalie serait peut-être les toilettes qui ressemblent presque à des toilettes traditionnelles ! Nous avons grimpé pour observer tous les animaux, des caméléons les plus farfelus aux insectes les plus originaux. Nous avons moins aimé par contre retirer les sangsues agrippées à notre peau (au bout de la 8éme qui met du sang, notre sang, partout quand on l’arrache, on commence à en avoir marre…)

Notre ultime récompense reste cependant d’avoir vu le lémurien blanc (et un de leur bébé !), le fameux propithèque soyeux ou Simpona, que l’on ne trouve que dans ce parc, après 2 jours de marche, la pluie, les bleus et autres douleurs musculaires. Mais quelle récompense ! Ce parc reste donc un de nos meilleurs souvenirs ici…



Maroansetra, le bout de tout

Il faut du courage et de la patience pour arriver à Maroansetra par la route. Quatre jours minimum de marche depuis Antalaha (aucun véhicule à 2 ou 4 roues ne peut passer !), ou bien 3 jours de taxi-brousse si tout se passe bien depuis Tamatave. Le bout du monde, donc. On peut cependant y accéder en avion (pour ceux qui ont un peu d’argent) et en bateau pour les très courageux : les vagues peuvent atteindre 6 mètres de haut (!) et il y a souvent des accidents mortels.

Maroansetra (prononcez Marounset’) est une petite bourgade sympathique où l’on côtoie des malgaches accueillants et où toutes les rues sont en sable, faute de moyens pour réhabiliter les larges allées de type colonial que l’on peut encore imaginer. Il y a malgré tout l’électricité et le téléphone mobile. Il ne faut cependant pas courir les restaurants et autres activités, car il n’y a pas grand-chose à faire.

C’est le lieu privilégié pour les personnes qui souhaitent se reposer loin de tout, ou le point de départ de l’aventure pour tous ceux qui veulent aller à Masoala, le plus sauvage des parcs nationaux de Madagascar (malgré les nombreuses expéditions scientifiques qui y sont menées chaque année, de larges régions n’ont encore jamais été explorées et apparaissent en blanc sur les cartes). Il y en a pour tous les goûts et tous les prix, de la petite balade d’une journée au grand treck de plusieurs semaines tout autour de la péninsule.

La plage est à quelques kilomètres, tout comme l’aérodrome. Il s’y dégage une odeur de bien-être, même si la pauvreté et le problème de scolarisation des enfants dont nous vous avons parlé précédemment sont ici bien présents.



L’image « vasaha »

Comme à Tana et dans n’importe quel endroit du pays, les vasahas sont repérés dès leur entrée dans la ville. Ce sont surtout les enfants qui nous abordent de prime abord avec un « Bonjour vasaha ! », tous fiers de savoir parler un peu français.

Certains restent cependant sur la défensive avec un timide bonjour lancé dans notre dos après notre passage, comme si les « blancs » étaient à la fois admirés et craints. Rares sont les touristes qui ne se lassent pas rapidement de cet état de fait. Les parents nous montrent du doigt à leurs bébés (qui s’appellent tous zaza en malgache puisque, forte mortalité oblige, ils ne sont pas nommés avant leur 1 an) comme si nous étions des animaux de foire. Ils disent en malgache : « ho, regarde, un vasaha », comme nous pourrions nous-mêmes nous extasier devant un lémurien ou un caméléon. Puis les bébés s’entraînent à prononcer le célèbre « bonjour vasaha », avec plus ou moins de facilité (comme ils apprennent chez nous à dire « papa » ou « maman ») afin d’être prêts à le prononcer parfaitement dès leur plus jeune âge.

D’autres enfants ne perdent pas le nord et nous demandent très rapidement de l’argent, ou des bonbons. Ce que nous préférons, même si nous n’avons ni l’un, ni l’autre. Notre nouveau défit est de leur parler correctement malgache pour qu’ils soient bluffés, et ça marche ! Mais il ne faut pas trop qu’ils commencent à nous répondre en malgache parce que là, ça devient nettement plus difficile. Peut-être un jour saurons-nous parler couramment le malgache…

Dans tous les cas, il est quasiment impossible ici de passer inaperçus, ne serait-ce qu’à cause de notre couleur de peau, et nous sommes dès lors une véritable attraction. En descendant vers le Sud, beaucoup plus touristique, nous constaterons que c’est encore différent : les touristes ont mal habitué les malgaches avec des cadeaux non justifiés qui incitent à la mendicité et n’aident pas au développement économique. Si nous passons donc un petit peu plus inaperçus (tout est relatif…), nous sommes en revanche beaucoup plus sollicités pour de l’argent ou par des rabatteurs cherchant à nous vendre tout un tas de choses.



La conscience politique

La politique ne fait pas partie des préoccupations de la plupart des malgaches. Beaucoup d’entre eux ne vont pas voter et ceux qui le font suivent souvent la mouvance sans grand intérêt.

Il y a quelques années, un ministre est venu dans le nord et a demandé aux habitants de Diégo (dont la pauvreté n’est pas négligeable) ce qu’ils voulaient. Ces derniers ont demandé la télé publique… et l’ont obtenue ! L’anecdote peut laisser songeur quant à la capacité et la volonté d’action d’un politicien dans ce pays, et surtout l’intérêt de la télévision lorsqu’on a rien…

Dans la même registre, le député local n’a eu, pour être réélu aux dernières élections, qu’à promettre lors de ses meetings d’organiser un grand bal populaire gratuit et ouvert à tous juste après la tenue des élections.

Des exemples comme ceux-ci, nous en avons encore beaucoup, et nous en reparlerons probablement dans d’autres écrits.



Nosy Mangabe

Nosy Mangabe est une petite île au large de Maroansetra, qui fut le fief du pirate John Avery. Elle a été découverte par des marins hollandais au 17ème siècle et l’on y trouve encore des inscriptions datant de l’époque, notamment sur des rochers qui servaient de… boîte postale ! Aujourd’hui classée parc national de Madagascar et gérée par l’Angap, on trouve sur cette île 4 espèces de lémuriens : le Vari noir et blanc, le lémur fauve albifrons plus petits et le Aye-Aye ainsi que le microcèbe, tous deux nocturnes. Comme nous n’y sommes allés qu’une journée nous n’avons vu que les 2 premières espèces, mais la rencontre était d’une extrême richesse. Les premiers ont un cri d’une puissance inouïe, qui s’entend à des kilomètres à la ronde, franchement impressionnant en pleine forêt primaire. Les seconds ressemblent à de petites peluches et sont vraiment adorables ! Nous avons eu la chance d’observer de longues minutes une famille avec le petit accroché au ventre de la mère et nous sommes vite devenus fans.

A Nosy Mangabe, il y a aussi des geckos plats (les uroplatus), incroyablement doués en camouflage, des lézards de toutes sortes de 4 cm à 30 cm, des araignées aussi grosses qu’une main et de toutes petites grenouilles pas plus grosses que la première phalange d’un doigt (les mantellas). Une diversité époustouflante… On y trouve également le tombeau d’une très vieille famille malgache qui vivait sur cette ile et a souhaité être enterrée là.



Mananara et les Aye-Aye

Mananara est une petite bourgade à mi-chemin entre Maroansetra et Tamatave, à une journée de route au sud de Maroansetra, c'est-à-dire à 150km (avec une moyenne de 10km/h…).

Pour se rendre à Mananara, on doit prendre une improbable piste qui constitue l’unique route de Maroansetra ! Comme le taxi-brousse était complet, nous avons eu la chance de voyager, à l’arrière, dans la benne avec 12 autres personnes… En toute honnêteté, on nous a dit que nous étions des Warriors d’avoir fait ça. La route est un chemin qui aurait pu être créé pour satisfaire le côté Indiana Jones des touristes, parce qu’en fait, il n’y a pas de route. Par moment, c’est un amas de rochers. D’autre fois, la piste n’existant plus ou le pont étant coupé, il faut traverser par la plage et donc marcher à côté pour alléger le véhicule. On a dû autant marcher que rouler, ce qui n’est pas plus mal, parce que ça nous a évité des bleus supplémentaires. Le plus spectaculaire, outre les magnifiques paysages, c’est les bacs que nous avons pris : 10 bacs rien que pour aller jusqu’à Mananara. Certains sont en métal, avec un moteur, plus ou moins fidèles à l’image traditionnelle qu’on se fait d’un bac. D’autres ne sont qu’un amas de bambous accrochés entre eux, et poussés à l’aide d’une perche comme les gondoles de Venise. En montant dessus, le 4x4 s’y enfonce parfois de près de vingt centimètres et nous faisons donc la traversée les pieds dans l’eau, sauf lorsque nous passons à côté, sur les débris d’un pont pendant que le 4x4 est sur le bac. Tout simplement mémorable ! Pendant près de 300 km (deux jours !), c'est-à-dire jusqu’à mi-chemin de Tamatave, ce sera pareil. On a même vu un grand bac poussé par un moteur de petit bateau ! Cette route est donc à conseiller pour tous les adeptes d’aventures et de somptueux paysages.

Nous nous étions arrêtés à Mananara pour aller visiter le parc des Aye-Aye, sur une île. Du pittoresque à souhait ! La ville en elle-même n’a rien de bien intéressant puisqu’elle reste un carrefour, ou plutôt une halte entre Tamatave et Maroansetra. Mais l’île privée est fort sympathique. Nous y sommes rendus en moto, avec le propriétaire des lieux (bien sur sans casque, puisque presque personne n’en a à Madagascar…), puis en pirogue (qui, comme à la plupart des pirogues, fuyait). Nous étions assez contents de voir que la traversée n’était pas très longue lorsque le piroguier s’est mis à vider l’eau à la kapoka !

Sur l’île, nous avons pu goûter le lait de coco, sur des noix de coco fraîchement coupées, en attendant la nuit. Après de longues minutes, le premier Aye-Aye est enfin sorti de sa cachette et a commencé son rituel quotidien pour se réveiller et aller manger. Nous avons eu la chance de les observer durant près d’une heure, ce qui fut une jolie expérience parce qu’il est rare et très difficile à apercevoir !



Le taxi-brousse et les transports malgaches

C’est toute une aventure. Nous vous en avions déjà parlé, mais les mauvaises conditions de transports se sont confirmées par la suite. A Madagascar, le meilleur moyen de transport reste l’avion mais il est très couteux, surtout pour un malgache. Il y a également deux lignes de chemins de fer qui prennent des passagers mais faute de moyens, elles tournent au ralenti. Il y a par exemple la ligne Tamatave/Moramanga, qui sert principalement pour les transports de marchandises mais qui prend également des passagers. Il faut compter 12h pour faire le trajet en train, là où un taxi-brousse met 7h : le choix est donc souvent vite fait, sauf si on le prend pour des raisons touristiques. Le train Fianarantsoa-Manakara, que nous prendrons plus tard, est assez connu justement pour son coté touristique.

Le taxi-brousse existe en deux versions :

- la « zone nationale », trajets pour lesquels il n’y a légalement qu’un passager par siège (sauf les enfants qui ne comptent pas…), soit théoriquement 14 passagers maximum. En réalité, bakchich aidant, il peut y en avoir beaucoup plus (pour exemple, le trajet Tana-Diégo que l’on a fait en octobre…)

- la « zone régionale », où le taxi-brousse fait office de « bus » entre deux villes relativement proches et en tout cas dans la même région. Là, ils peuvent légalement charger 4 personnes de plus, une par rangée, assise entre deux sièges, pour faire monter l’effectif total à 18. Là encore, bien sur, les enfants ne comptent pas et tout ça n’est que théorique puisqu’il nous est déjà arrivé d’être tassés à 32 sur un trajet régional… Ces transports régionaux sont par ailleurs soumis à une concurrence très rude et lorsqu’on arrive à pied ou en taxis aux abords d’une gare routière, les rabatteurs (qui nous promettraient presque de nous emmener au bout du monde pourvu que l’on ne choisisse pas le concurrent) rivalisent d’ingéniosité pour que l’on s’intéresse à eux. Certains vont même jusqu’à s’inviter dans votre taxi (qui roule au pas à cause des embouteillages…) pour indiquer au taxi où se trouve leur bureau, sans jamais vous demander votre avis ! Nous, on en profite pour négocier dur, et bien souvent ils préfèrent consentir à une réduction plutôt que de perdre deux clients. Ensuite, c’est souvent un véritable rodéo qui s’engage sur la route pour doubler le taxi-brousse de devant et ramasser les clients avant lui ! Très impressionnant…

Bref, de tous les transports malgaches que nous ayons pris, cyclo-pousse, taxi bé (bus), taxi, taxi-brousse régional ou national, avion ou pirogue, il n’y en a pas un seul qui ne soit pas anecdotique.



De Mananara à Tana : le parc d’Andasibe

Après un bref passage à Tamatave où il a fallu lutter pour ne pas se faire dépouiller par les cyclo-pousses qui n’hésitaient pas à gonfler la note à l’arrivée (Stéphanie a d’ailleurs appris le mot Mpangalatra qui signifie voleur, pour tout dire…), nous avons pris le chemin d’Andasibe et là, ce fut un changement de décor complet !

On peut en effet comparer Andasibe à une ville du far-west (avec ses habitations en bois, ses planches qui craquent, ses bars-saloons d’où John Wayne pourrait sortir, pistolet à la main, son train et sa jolie gare malheureusement vide…) qui serait perdue dans le massif central ! Ici, en effet, il y a des pissenlits dans les bas-côtés verdoyants, et les routes en lacet sont aussi bien goudronnées que nos départementales françaises. Avec de la pluie et des matinées bien fraîches, nous étions contents d’avoir apporté nos ponchos et nos pulls. Nous nous y sommes arretés pour voir la deuxième équipe de Mad’arbres avec qui nous avons pu bien discuter (Simon a d’ailleurs testé leurs attractions) et surtout pour voir le parc avec les Indri-indri, des lémuriens dont les chants matinaux ressemblent beaucoup à ceux d’une baleine. Magique ! Pour visiter, nous avons choisi de passer par l’association Mitsinjo que nous connaissons via Mad’arbres. Mitsinjo lutte contre la déforestation et pour le développement de l’économie locale. Prendre un guide de cet organisme était pour nous beaucoup mieux que de passer par l’Angap. Et nous n’avons pas été déçus puisque notre guide nous a montré les indri-indri de très près (dont une femelle avec son petit dans le dos) et de nombreuses espèces de plantes et d’insectes. Lors d’une visite nocturne, nous avons pu voir le Microcèbe qui comme son l’indique n’est pas plus grand qu’un cochon d’inde. Nous avons même eu la chance de rencontrer quelques sangsues…

A Andasibe, nous avons été accueillis dans les chambres d’hôtes d’une famille assez exceptionnelle qui nous ont fait découvrir leur passion pour la musique à travers un mini-concert : un grand moment !

Puis est venue l’heure du départ avec un bref retour vers Tana pour prendre un taxi-brousse direction le sud.

Pas encore de photos cette fois, ce sera pour la prochaine newsletter !

En espérant que cette 4ème newsletter vous ait plu, nous vous disons à bientôt pour la suite de nos aventures entre Manakara et Tuléar !

A bientôt,

Simon et Stéphanie

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