Bienvenue sur le blog de l'association loi 1901 Objectif Mada - Tanjona Mada

Voici le blog sur lequel après avoir pu suivre jour après jour le périple de Simon et Stéphanie à Madagascar, vous pouvez suivre les réalisations d'Objectif Mada.

mardi 17 août 2010

Madagascar, J - 1mois

Le jour où j'ai compris qu'il n'y avait pas de destin établi à l'avance, si ce n'est celui que l'on choisi pour soi-même, j'ai commencé à vivre pour de bon. Je venais d'échapper à une longue et grave maladie, et la notion même de vie me semblait désormais bien claire. Après plusieurs mois d'immobilisation, j'expérimentais à nouveau sa principale expression : le mouvement. Je ne me lassais pas de courir, respirer, sourire, faire de la moto ou du parachute. Je savais désormais que l'avenir appartient à ceux qui prennent le leur en main. 


Je voulais maintenant être heureux, et pour cela il me fallait changer le monde, à commencer par le mien. S'épanouir, c'est être fier de soi et comme je n'avais encore aucune raison de l'être, il fallait que ça change: je pris ainsi la décision de commencer les grands chantiers de ma vie, ceux qui me permettraient, à termes, de réaliser mes rêves. Non pas plus tard, dans cinq ou dix ans, comme je me disais jusqu'alors, mais tout de suite. Ainsi, peut-être que dans cinq ou dix ans je pourrais être fier de moi. Mais l'ordre des choses veut qu'à chaque force impulsée, une force inverse s'établit. Au fur et à mesure que grandissait ma volonté, mes ennemis grandissaient avec elle. Il ne me fallut pas très longtemps pour faire taire mes ennemis extérieurs, les rabat-joie, les frustrés et les méchants qui ne rêvaient par jalousie que de nous faire tomber, moi et mes projets. Certains jours, ils regagnaient un peu de terrain mais mon ange gardien, ma petite fée à moi, venait en renfort pour leur clouer le bec.


Mes ennemis intérieurs furent plus difficiles à dompter: ma fainéantise naturelle, mon penchant à la prise de tête, à la complication et à la réflexion stérile, ainsi que mon égo parfois un peu trop gros pour une seule personne, furent incontestablement plus coriaces, et plus aptes à faire épisodiquement retomber le moral au fond des chaussettes.

Pourtant, dans exactement un mois, nous serons dans l'avion.


Même si on ne peux pas faire à Madagascar tout ce que l'on avait projeté (par manque de temps pour s'organiser à la veille de la soutenance qui fera peut être de moi un ingénieur écologue, par manque d'argent, par manque de soutien), il ne fait aucun doute que ce sera un voyage inoubliable, à la hauteur de nos espérances, et utile aux gens que nous voulons aider. Ce ne sera peut être qu'un grain de sable d'espoir supplémentaire pour ce pays, mais nous savons tous que ce sont ces petits grains rassemblés qui formeront les dunes capables de ralentir la marée de calamités. Aujourd'hui encore, j'ai vu cette petite flamme dans les yeux de tous ceux qui sont allés à Madagascar, qui en sont revenus et qui en parlent. Cette flamme, je l'ai vue maintenant des dizaines de fois. Aujourd'hui, elle était dans les yeux d'un homme que je n'avais jusqu'alors jamais vu sourire :  le professeur d'hématologie que je consulte deux fois par ans.


Madagascar ne peut, je pense, pas vraiment s'expliquer avec des mots: les siens, comme ceux de tous ceux qui nous en ont parlé, étaient simples et retranscrivaient mal l'émotion que je lisais dans sa voix et ses yeux. Dans un mois, ce seront pourtant nos mots qui tenterons de vous expliquer cette ile de tous les extrêmes, et peut-être nos yeux qui en diront un peu plus long sur cette aventure.


Simon.